La Scientologie est-elle une religion ?

Rédigé par Eric Roux le 09/04/2009 à 00:24 | 09/04/2009

Quelques extraits d'analyses d'experts en religion, d'universitaires de renom et de personnalités religieuses, sur l'aspect religieux de la Scientologie.


Croix de scientologie
Bien sûr, la question devrait avant tout être posée aux scientologues, pour savoir s'ils considèrent la scientologie comme leur religion.

La scientologie n'est pas une religion révélée. C'est à dire qu'elle est le fruit des recherches d'un homme et non d'une révélation divine. La scientologie considère que l'individu n'est ni son corps, ni son mental, mais qu'il est son propre esprit, sa propre âme, qu'elle a appelé Thêtan, de la lettre grecque Théta qui signifie la pensée. Elle considère que pour permettre à l'homme de s'améliorer, il faut s'adresser à lui en tant qu'être spirituel.

Si la scientologie affirme l'existence d'un être suprême, elle laisse à chacun le soin de sa relation personnelle avec cet être suprême, partant du postulat que plus un homme s'élève spirituellement, plus il s'élève vers Dieu.

Qu'en ont dit les différents experts qui l'ont analysée ?

Bryan Wilson, l'un des plus éminents experts en sociologie des religions (mort en 2004, lecteur honoraire en sociologie à l'Université d'Oxford et président de la Société internationale pour la Sociologie des religions) a écrit :

"La Scientologie est l’un des nombreux nouveaux mouvements religieux qui comporte des caractéristiques correspondant, d’une certaine manière, à des tendances évidentes du courant dominant de la religion occidentale. Elle utilise un vocabulaire contemporain, familier et non mystique ; et elle présente ses dogmes sous forme de faits objectifs. Sa conception du salut a une dimension à la fois proche et ultime. L’immense attrait qu’elle a suscité auprès du public des pays les plus développés du monde occidental a retenu l’attention des sociologues et autres personnes étudiant la religion contemporaine."...

..."nombre de scientologues se comportent comme les membres de certaines sectes chrétiennes dont l’engagement religieux est généralement plus intense que ne l’est celui de la grande majorité des croyants des Églises et des confessions établies de longue date. En tant que sociologue, je vois en la Scientologie un véritable système de croyances et de pratiques religieuses qui suscite chez ses dévots un engagement profond et sérieux."

Le Professeur Urbano Alonso Galan, docteur en philosophie et licencié avec honneur en théologie de l’Université grégorienne de Rome, écrit à propos de la scientologie :

« Pour celui qui connaît la philosophie et la religion, il n’y a pas là matière à polémique, mais l’on comprendra aisément que le manque de connaissances de l’ensemble du phénomène religieux et de la variété de ses manifestations éventuelles peut conduire, à tort, à des réactions hostiles et intransigeantes.»

Régis Deriquebourg (Maître de Conférences en psychologie sociale à l’université Charles de Gaulle à Lille, membre du groupe de sociologie des religions et de la laïcité au CNRS) a écrit :

« La Scientologie présente les caractéristiques d’une religion. En tant que théologie elle possède, un ensemble d’exercices qui permettent d’atteindre la partie spirituelle de chaque être humain... Plusieurs auteurs avant nous, même les plus critiques, n’ont pas douté de son caractère religieux : Michel de Certeau, Roy Wallis, Bryan Wilson, Harriet Whitehead, Lonnie D. Kliever, Frank. K. Flinn."......"La Scientologie est née dans un contexte moderne. Elle y puise certains éléments (technicité, approche méthodique affirmée, importance de la communication, du bien-être, compréhension de l’organisation, expérience personnelle) qu’elle a mêlés à des traditions spiritualistes anciennes.L. Ron Hubbard et ses disciples poussent très loin la rationalité instrumentale au service d’une voie mystique, d’une transformation de soi et d’une transformation du monde. C’est sans doute pour cette raison qu’elle apparaît comme particulière au sein des religions. »

Le Père Yves de Gibon, délégué du Cardinal Marty à l’information sur les « sectes », concluait un courrier de cette manière :

« Pour terminer, je suis le premier à reconnaître les tendances religieuses nouvelles de la Scientologie, et à me réjouir d’une visée qui la rapproche de Dieu. »

Jacques Robert, Ancien membre du Conseil Constitutionnel, Président de l'Université de Paris II, a été consulté par l’Église de Scientologie sur le point de savoir si elle constitue, au vrai sens du mot, une religion et, à ce titre, se trouve placée sous la protection de la législation française concernant la liberté religieuse et des cultes.

Extrait de la conclusion de son analyse :

« Il résulte de l'examen de la religion scientologique que celle-ci répond aux critères d'une religion ; elle ne se distingue en rien des autres religions et par conséquent l'appellation de religion est, pour elle, fondée.

a) La Scientologie comprend un corps de doctrine qu'elle partage d'ailleurs avec d'autres religions : croyance en l'Être Suprême ; croyance dans l'immortalité de l'âme et dans sa réincarnation ; croyance dans la nécessité de la vie spirituelle et de son développement. Ce credo pourrait être contresigné par d'autres religions et d'ailleurs des autorités religieuses les plus éminentes (Père Chenu ; Père de Certeau ; Archimandrite Kallistos ; Evêque de Chersonèse, etc.) ont reconnu la qualité de religion à la scientologie.

b)La Scientologie comporte, en deuxième lieu, un culte régulier qui célèbre aussi les grands événements de la vie humaine, en particulier les rites de passage. A cet égard, la Scientologie justifie pleinement la qualification sociologique de religion ; la religion selon Durkheim, est un fait éminemment social.

c) Enfin la Scientologie, comme toute organisation laïque et a fortiori religieuse, est une institution hiérarchisée et disciplinée. Elle dispose d'un code d'éthique comme l'Eglise Catholique romaine dispose d'un droit canon, et d'autorités, "officiers d'éthique", chargés de veiller au respect de ce code et de sanctionner éventuellement.

Pour ces trois raisons qui tiennent à la nature propre de la Scientologie, celle-ci constitue véritablement une religion.En dernier lieu, la religion scientologique qui s'est constituée en association cultuelle a adopté la forme juridique que le législateur impose aux religions. Son caractère religieux se manifeste par le rôle des pasteurs dans l'association et la nécessité d'être en communion avec l'Eglise mère.

Enfin, le régime applicable aux autres religions doit bénéficier également à la religion scientologique. Plus particulièrement une religion dont le culte et l'enseignement sont connus et accessibles à tous et qui n'est pas contraire à l'ordre public doit pleinement jouir de son autonomie et d'une immunité institutionnelle.

Si les principes applicables, c'est à dire immunité institutionnelle, n'étaient pas reconnus au bénéfice de la religion scientologique, les principes de la séparation et de l'égalité du culte seraient violés. »


Pour finir aujourd'hui, un point de vue japonais, de M. Fumio Sawada, huitième détenteur des secrets du shinto Yu-Itsu :

« le Japon est un pays où les religions mettent l’accent sur l’élévation des capacités spirituelles de chacun. Du point de vue des Japonais, la Scientologie est en fait une religion semblable à d’autres religions qui existent déjà ici. [. . .] Elle a plus de similarités avec les religions japonaises que les religions occidentales et, pour cette raison, elle est susceptible d’être mal comprise en occident où elle diffère des religions établies. »

Eric Roux
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