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Du danger d’écrire une préface
Demander la rédaction d’une préface est une requête à double tranchant. D’abord pour l’auteur du livre, qui doit choisir un préfacier donnant envie de lire l’ouvrage, point trop brillant, point trop terne. Ensuite pour le préfacier lui-même, qui donne son accord pour un exercice redoutable.
Votre serviteur reçoit comme un honneur cette demande et va tenter de s’acquitter de cet exercice modestement. Considérant que les précédents juristes à s’exprimer à propos de la scientologie se nommaient Jean Carbonnier et Michel de Guillenchmidt, la modestie est de mise.
Les préfaciers se divisent en deux catégories. Ceux qui ne lisent pas l’ouvrage, et ceux qui le lisent. Jean Tulard, illustre historien et académicien français, avouait qu’il s’épuiserait à la lecture des quelques 250 ouvrages dont il doit, bon an, mal an, assurer la préface. Il se contente de la lecture de quelques pages et son talent fait le reste. Ce refus de lire l’ouvrage par le préfacier peut jouer de mauvais tours. Il me souvient du reproche fait à Jacques Flour d’avoir écrit une très bonne préface à un livre sur les techniques de régimes matrimoniaux, dont la technicité le disputait à l’austérité. Il y avait en quelque sorte tromperie sur la marchandise : la préface était plaisante, le livre ne l’était guère.
D’autres préfaciers lisent l’ouvrage qu’ils doivent présenter et ce fut le sens de ma démarche. J’ai lu l’ouvrage de Monsieur Éric Roux en entier, et ce n’est qu’après cette lecture que j’ai accepté d’en écrire l’ouverture. C’est pourquoi je puis dire que cette préface n’encourt pas le risque de celle écrite jadis par Jacques Flour : le livre est beaucoup plus plaisant que l’humble résultat de ma modeste industrie.
Des témoins de Jéhovah à la Scientologie
A travers cet ouvrage, j’ai retrouvé le parcours d’un autre mouvement qui s’est longtemps battu pour se voir reconnaître le statut de religion : les témoins de Jéhovah.
Ce furent d’abord les poursuites pénales, les « scoops » de la grande presse et enfin la reconnaissance. Encore fallut-il aller devant la Cour européenne des droits de l’homme, afin d’obtenir la reconnaissance des TJ en tant que membres d’une « religion ». Monsieur Éric Roux parle aussi, dans un autre ouvrage, de ce combat et retrace avec justesse et sobriété comment les TJ ont du se battre.
Du danger d’écrire une préface
Demander la rédaction d’une préface est une requête à double tranchant. D’abord pour l’auteur du livre, qui doit choisir un préfacier donnant envie de lire l’ouvrage, point trop brillant, point trop terne. Ensuite pour le préfacier lui-même, qui donne son accord pour un exercice redoutable.
Votre serviteur reçoit comme un honneur cette demande et va tenter de s’acquitter de cet exercice modestement. Considérant que les précédents juristes à s’exprimer à propos de la scientologie se nommaient Jean Carbonnier et Michel de Guillenchmidt, la modestie est de mise.
Les préfaciers se divisent en deux catégories. Ceux qui ne lisent pas l’ouvrage, et ceux qui le lisent. Jean Tulard, illustre historien et académicien français, avouait qu’il s’épuiserait à la lecture des quelques 250 ouvrages dont il doit, bon an, mal an, assurer la préface. Il se contente de la lecture de quelques pages et son talent fait le reste. Ce refus de lire l’ouvrage par le préfacier peut jouer de mauvais tours. Il me souvient du reproche fait à Jacques Flour d’avoir écrit une très bonne préface à un livre sur les techniques de régimes matrimoniaux, dont la technicité le disputait à l’austérité. Il y avait en quelque sorte tromperie sur la marchandise : la préface était plaisante, le livre ne l’était guère.
D’autres préfaciers lisent l’ouvrage qu’ils doivent présenter et ce fut le sens de ma démarche. J’ai lu l’ouvrage de Monsieur Éric Roux en entier, et ce n’est qu’après cette lecture que j’ai accepté d’en écrire l’ouverture. C’est pourquoi je puis dire que cette préface n’encourt pas le risque de celle écrite jadis par Jacques Flour : le livre est beaucoup plus plaisant que l’humble résultat de ma modeste industrie.
Des témoins de Jéhovah à la Scientologie
A travers cet ouvrage, j’ai retrouvé le parcours d’un autre mouvement qui s’est longtemps battu pour se voir reconnaître le statut de religion : les témoins de Jéhovah.
Ce furent d’abord les poursuites pénales, les « scoops » de la grande presse et enfin la reconnaissance. Encore fallut-il aller devant la Cour européenne des droits de l’homme, afin d’obtenir la reconnaissance des TJ en tant que membres d’une « religion ». Monsieur Éric Roux parle aussi, dans un autre ouvrage, de ce combat et retrace avec justesse et sobriété comment les TJ ont du se battre.
En faveur des témoins des Témoins de Jéhovah, j’ai commis deux ou trois préfaces, quelques notes, et je fus aussitôt « labellisé » comme « témoin de Jéhovah ». Puisque je défendais la liberté de ce mouvement, je devais en « être ». Se pose-t-on la même question pour ceux qui ont défilé en faveur du mariage pour tous ? Eh bien non, je le confesse, je ne suis pas plus témoin de Jéhovah que scientologue. Les amateurs d’étiquettes en seront pour leurs frais.
Il n’en reste pas moins que ces deux mouvements illustrent le terrorisme du labelling cher à Ervin Goffman : avant de parler, le locuteur doit savoir à qui il a affaire. Jadis, une partie du dialogue était destiné à cette découverte. Les moyens modernes de l’Internet sont un formidable raccourci de cette « labellisation préalable ». Les employeurs, avant de recruter un impétrant, vont chercher sur sa page Facebook ses photographies, ses hobbies et ses amis. L’homme ne souhaite plus découvrir, il souhaite confirmer ce qu’il a découvert par ailleurs.
C’est toute la place de l’étranger dans notre société qui est ainsi révélée.
L’étranger
Je fis des études de philosophie et j’eus l’immense chance de suivre les enseignements de Jean-François Mattei. Il mettait au cœur du discours platonicien un personnage, que l’on rencontre dans certains dialogues : « l’étranger ». L’Etranger est même le titre d’un des dialogues qu’il tenait comme essentiel.
Derrière l’étranger se cache l’autre. Si le citoyen a peur de l’étranger, c’est qu’il a peur de l’autre. L’étranger, l’autre, est celui dont on ne peut percer à jour le mystère.
Jadis, le juif tenait ce rôle. C’était l’homme qui tentait de dominer le monde et qui se nourrissait des enfants du village. Ce fut parfois le franc maçon : que se cachait-il derrière les cérémonies secrètes ? N’y a-t-il pas une volonté, encore une fois de dominer le monde ? A chaque période son fantasme : la triade, les illuminatis. Ce fut ensuite le témoin de Jéhovah et c’est encore la scientologie.
Le principal mérite de cet ouvrage est de lever le voile sur la scientologie. La peur de l’autre se nourrit du mystère entretenu. Grâce à cet ouvrage, la scientologie perd beaucoup de son mystère. Il faut donc rendre grâce à Monsieur Éric Roux d’en dissiper une large part.
Un parcours et un long chemin
Ce que révèle cet ouvrage est que la scientologie, comme toutes les autres religions, est Verbe et interprétation du verbe.
Le Verbe tout d’abord. La scientologie est l’étude continuée de la parole de Ron Hubbard. L’étude est difficile, car cela représente près de 4000 heures de discours et conférences. A flot continu, cela représenterait un an d’écoute, sans dormir ni s’arrêter. L’avantage de Ron Hubbard sur toutes les autres religions est que la parole n’est pas seulement écrite, elle est surtout orale. Elle est aussi parfois vidéo. La personne anglophone peut ainsi, dans les locaux, écouter tous les discours et toutes les conférences du fondateur. Certaines de ces présentations existent en vidéo. Point besoin d’imaginer comme dans la religion catholique à travers l’écrit, le prophète parle et a été filmé.
Cela évite toute discussion sur la justesse du récit. Un des grands succès de l’année littéraire est le livre « LE ROYAUME » de Carrière. Cet ouvrage se pose la question de savoir lequel des évangélistes a eu la vision la plus « juste » de la passion de Jésus Christ : Jean, Thomas, Luc.... Étant un monomaniaque de Jean Sébastien Bach, je me demandais souvent, quand j’étais petit, pourquoi, après avoir composé la passion selon Saint Jean, il fallait encore écrire la Passion selon Saint Matthieu. J’ai aujourd’hui compris la raison de cette multiplicité du discours, ce sont autant d’éclairages de la vie du Christ. A partir de cette représentation multiple de l’Un, l’auditeur peut construire une image contrastée de Jésus Christ.
L’idée est la même en scientologie : à partir de la multiplicité des discours et conférences de Ron Hubbard, il est possible de progresser dans la connaissance des grands thèmes. D’où l’idée que celui qui s’aventure en scientologie doit parfaire sa connaissance par l’écoute de la parole. La vérité n’est pas révélée mais construite par l’auditeur.
Pourquoi je ne pourrai être un scientologue
Ce travail est considérable. J’ai fait des études de droit, de langues française et anglaise et de philosophie. Chacun de ces domaines m’a semblé achevé le jour où j’ai soutenu une thèse. J’avais la sensation de finir le parcours, de parvenir à une sorte de fin provisoire. Poser un point final au bas d’une page blanche.
Lorsque je visitais les locaux de la scientologie, je posais naïvement la question en voyant un schéma représentant les différents degrés de la connaissance : Combien de temps faut-il pour parvenir au plus haut de la pyramide ?
Pour parvenir au plus haut palier actuellement disponible, trois à quatre ans, avec un travail intensif ; la chose est raisonnable. Toutefois, nul ne saurait dépasser un certain étage de la pyramide. La connaissance de la parole connaît un plafond et personne ne peut prétendre parvenir aux plus hauts grades pour l’instant.
Cette idée d’inaccessibilité des plus hauts niveaux n’est pas un fait unique : on connaît la même limitation en art martial et en franc-maçonnerie. L’inaccessibilité du Graal rend sa quête magique, même si, en même temps, il faut avoir conscience du caractère mythique, vain de cette quête. La poursuite de nobles ambitions est plus méritoire que la réalisation de diplômes, même s’il s’agit d’une thèse et d’un doctorat. La souffrance et le travail ne sont pas limités dans le temps et dans l’espace ; ils sont la réalité d’une vie d’ascèse et de construction philosophique. Il y a une licorne sur le blason familial du côté de ma mère ; quand on lui demandait pourquoi, elle répondait que Dieu avait choisi notre famille pour apprivoiser les licornes. Quand un sceptique émettait un doute sur la réalité de la licorne en tant qu’animal, ma mère répondait : peut être que les licornes n’existent pas, mais nous devons les trouver.
Comme le dit Albert Camus, Sisyphe est heureux de réaliser avec peine un devoir à jamais recommencé. Connaître tout de la scientologie prend de nombreuses années et cela m’a semblé le « pays où l’on n’arrive jamais » d’André Dhotel. La quête d’un endroit rêvé… Cela n’empêche pas de poursuivre.
Cette durée explique pourquoi je n’ai pas tenté l’aventure. Depuis mes récents ennuis de santé, je sais bien qu’il me reste peu de temps à vivre. Juste de quoi achever un premier grade. Je préfère ne pas commencer et j’ai d’autres rochers à pousser le long de la montagne. Je sais que d’autres auront ce temps et seront heureux.
Merci à Monsieur Éric Roux de m’avoir fait comprendre tout cela, dans cet ouvrage dense et clair. Le lecteur y trouvera les réponses à ses principales questions. Je suis sûr que, comme Sisyphe ou pas, Monsieur Éric Roux est heureux.
Il n’en reste pas moins que ces deux mouvements illustrent le terrorisme du labelling cher à Ervin Goffman : avant de parler, le locuteur doit savoir à qui il a affaire. Jadis, une partie du dialogue était destiné à cette découverte. Les moyens modernes de l’Internet sont un formidable raccourci de cette « labellisation préalable ». Les employeurs, avant de recruter un impétrant, vont chercher sur sa page Facebook ses photographies, ses hobbies et ses amis. L’homme ne souhaite plus découvrir, il souhaite confirmer ce qu’il a découvert par ailleurs.
C’est toute la place de l’étranger dans notre société qui est ainsi révélée.
L’étranger
Je fis des études de philosophie et j’eus l’immense chance de suivre les enseignements de Jean-François Mattei. Il mettait au cœur du discours platonicien un personnage, que l’on rencontre dans certains dialogues : « l’étranger ». L’Etranger est même le titre d’un des dialogues qu’il tenait comme essentiel.
Derrière l’étranger se cache l’autre. Si le citoyen a peur de l’étranger, c’est qu’il a peur de l’autre. L’étranger, l’autre, est celui dont on ne peut percer à jour le mystère.
Jadis, le juif tenait ce rôle. C’était l’homme qui tentait de dominer le monde et qui se nourrissait des enfants du village. Ce fut parfois le franc maçon : que se cachait-il derrière les cérémonies secrètes ? N’y a-t-il pas une volonté, encore une fois de dominer le monde ? A chaque période son fantasme : la triade, les illuminatis. Ce fut ensuite le témoin de Jéhovah et c’est encore la scientologie.
Le principal mérite de cet ouvrage est de lever le voile sur la scientologie. La peur de l’autre se nourrit du mystère entretenu. Grâce à cet ouvrage, la scientologie perd beaucoup de son mystère. Il faut donc rendre grâce à Monsieur Éric Roux d’en dissiper une large part.
Un parcours et un long chemin
Ce que révèle cet ouvrage est que la scientologie, comme toutes les autres religions, est Verbe et interprétation du verbe.
Le Verbe tout d’abord. La scientologie est l’étude continuée de la parole de Ron Hubbard. L’étude est difficile, car cela représente près de 4000 heures de discours et conférences. A flot continu, cela représenterait un an d’écoute, sans dormir ni s’arrêter. L’avantage de Ron Hubbard sur toutes les autres religions est que la parole n’est pas seulement écrite, elle est surtout orale. Elle est aussi parfois vidéo. La personne anglophone peut ainsi, dans les locaux, écouter tous les discours et toutes les conférences du fondateur. Certaines de ces présentations existent en vidéo. Point besoin d’imaginer comme dans la religion catholique à travers l’écrit, le prophète parle et a été filmé.
Cela évite toute discussion sur la justesse du récit. Un des grands succès de l’année littéraire est le livre « LE ROYAUME » de Carrière. Cet ouvrage se pose la question de savoir lequel des évangélistes a eu la vision la plus « juste » de la passion de Jésus Christ : Jean, Thomas, Luc.... Étant un monomaniaque de Jean Sébastien Bach, je me demandais souvent, quand j’étais petit, pourquoi, après avoir composé la passion selon Saint Jean, il fallait encore écrire la Passion selon Saint Matthieu. J’ai aujourd’hui compris la raison de cette multiplicité du discours, ce sont autant d’éclairages de la vie du Christ. A partir de cette représentation multiple de l’Un, l’auditeur peut construire une image contrastée de Jésus Christ.
L’idée est la même en scientologie : à partir de la multiplicité des discours et conférences de Ron Hubbard, il est possible de progresser dans la connaissance des grands thèmes. D’où l’idée que celui qui s’aventure en scientologie doit parfaire sa connaissance par l’écoute de la parole. La vérité n’est pas révélée mais construite par l’auditeur.
Pourquoi je ne pourrai être un scientologue
Ce travail est considérable. J’ai fait des études de droit, de langues française et anglaise et de philosophie. Chacun de ces domaines m’a semblé achevé le jour où j’ai soutenu une thèse. J’avais la sensation de finir le parcours, de parvenir à une sorte de fin provisoire. Poser un point final au bas d’une page blanche.
Lorsque je visitais les locaux de la scientologie, je posais naïvement la question en voyant un schéma représentant les différents degrés de la connaissance : Combien de temps faut-il pour parvenir au plus haut de la pyramide ?
Pour parvenir au plus haut palier actuellement disponible, trois à quatre ans, avec un travail intensif ; la chose est raisonnable. Toutefois, nul ne saurait dépasser un certain étage de la pyramide. La connaissance de la parole connaît un plafond et personne ne peut prétendre parvenir aux plus hauts grades pour l’instant.
Cette idée d’inaccessibilité des plus hauts niveaux n’est pas un fait unique : on connaît la même limitation en art martial et en franc-maçonnerie. L’inaccessibilité du Graal rend sa quête magique, même si, en même temps, il faut avoir conscience du caractère mythique, vain de cette quête. La poursuite de nobles ambitions est plus méritoire que la réalisation de diplômes, même s’il s’agit d’une thèse et d’un doctorat. La souffrance et le travail ne sont pas limités dans le temps et dans l’espace ; ils sont la réalité d’une vie d’ascèse et de construction philosophique. Il y a une licorne sur le blason familial du côté de ma mère ; quand on lui demandait pourquoi, elle répondait que Dieu avait choisi notre famille pour apprivoiser les licornes. Quand un sceptique émettait un doute sur la réalité de la licorne en tant qu’animal, ma mère répondait : peut être que les licornes n’existent pas, mais nous devons les trouver.
Comme le dit Albert Camus, Sisyphe est heureux de réaliser avec peine un devoir à jamais recommencé. Connaître tout de la scientologie prend de nombreuses années et cela m’a semblé le « pays où l’on n’arrive jamais » d’André Dhotel. La quête d’un endroit rêvé… Cela n’empêche pas de poursuivre.
Cette durée explique pourquoi je n’ai pas tenté l’aventure. Depuis mes récents ennuis de santé, je sais bien qu’il me reste peu de temps à vivre. Juste de quoi achever un premier grade. Je préfère ne pas commencer et j’ai d’autres rochers à pousser le long de la montagne. Je sais que d’autres auront ce temps et seront heureux.
Merci à Monsieur Éric Roux de m’avoir fait comprendre tout cela, dans cet ouvrage dense et clair. Le lecteur y trouvera les réponses à ses principales questions. Je suis sûr que, comme Sisyphe ou pas, Monsieur Éric Roux est heureux.