​Scientologie : la vérité sur l’affaire de Sardaigne - la fin d'une fake news

Rédigé par Eric Roux le 01/11/2017 à 21:27 | 01/11/2017

Voici une histoire qui mériterait le prix de la fake news... Mais elle finit bien. Fin 2007, trois français étaient partis en Sardaigne pour aider une personne en pleine détresse spirituelle, Martine B. (après un passage en hôpital psychiatrique dont elle ne s’est jamais remise), à la demande du frère de l’intéressée. 

Le 20 janvier 2008, Martine B., qui visiblement n’avait pas retrouvé la santé d’esprit, avait alerté la police en prétendant être retenue contre son gré dans la maison qu’elle occupait avec les trois personnes.

La police intervenait. Manque de pot, les trois personnes avaient choisi la Scientologie pour religion… Il n’en fallait pas plus pour que les médias de l’hexagone s’emballent : séquestration, enlèvement, maltraitance, kidnapping, les quatre scientologues sont jugés par la presse en moins de temps qu’il n’en faut pour dire ouf, sans preuves, sans investigation. Leurs noms sont donnés en pâture à l'opprobre publique, la France entière (enfin ceux qui lisent encore les journaux) les connait comme des criminels...

Et bien entendu, leur religion est mise en avant pour finalement aboutir à la conclusion que ce serait l’Eglise de Scientologie elle-même qui aurait été à la manœuvre ! Les gros titres pleuvent : « Séquestrée par l’Eglise de Scientologie, elle va rentrer en France » (Libération), « Scientologie: une Française séquestrée en Sardaigne » (France info), « Scientologie : une victime française séquestrée plusieurs semaines » (RTL), etc. On ne s'embarrasse pas d'une quelconque présomption d'innocence, et on ne se pose pas la question de savoir si, peut-être, la nouvelle serait fausse. 

Un député (qui n’en est plus un depuis) monte même au créneau pour réclamer une commission d’enquête parlementaire (rien que ça) sur la scientologie !

Pauvres gens, il leur faudra prendre leur mal en patience pour espérer voir enfin la scientologie condamnée pour séquestration. Une enquête est ouverte par le parquet italien. Mais comme le disait Pierre Dac : « Il faut une infinie patience pour attendre toujours ce qui n'arrive jamais. » Et pour cause…

Le jugement 

Que s’est-il vraiment passé en Sardaigne ? Martine B. a-t-elle réellement eu à souffrir de mauvais traitements, voire de séquestration ? 

Finalement, après plusieurs années d’enquête et un procès qui s’est étalé sur 2 ans, la justice italienne a tranché, dans un jugement du 24 juillet 2017 rendu par le Tribunal pénal de Nuoro. 

Voici ce que dit le jugement :

Tout d’abord, et j’espère que cela servira de leçon à l’avenir à ceux qui se sont emballés en 2008, le jugement note expressément que l’Eglise de Scientologie est « totalement étrangère à cette affaire » et que l’appartenance du frère de Martine B. à l’église est « sans rapport avec le sujet ».

Puis le jugement explique qu’il n’y a eu absolument aucune séquestration et que Martine B. a toujours été libre de ses mouvements. A cela s’ajoute le fait que non seulement elle n’a pas été non plus maltraitée, mais le Tribunal prend la peine d'écrire que le comportement des scientologues a été absolument désintéressé, correct et qu’ils ont agi uniquement en vue d'aider Martine B. et de lui éviter de se faire du mal à elle-même. 

En conséquence, le Tribunal a purement et simplement relaxé les prévenus, estimant qu’il n’y avait rien dans cette affaire qui puisse être reproché ni aux scientologues ni à l’Eglise de Scientologie, « parce que les faits n’existaient pas » (« perché il fatto non sussiste »).

Bref, la news était carrément fake.

Pour ceux qui veulent lire le jugement en italien, je l’attache à cet article.

Sinon, ce mois-ci, trois nouvelles Eglises Idéales de Scientologie se sont ouvertes en Europe : Dublin en Irlande, Birmingham en Angleterre et Amsterdam en Hollande :)
 

Boublil, sent. Trib. NU_biffé.pdf  (567.26 Ko)

Eric Roux
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